Les projections de
croissance de l’économie canadienne sont en partie basées sur celles des
États-Unis, en raison notamment de l’importance de ce marché pour les
entreprises canadiennes. En janvier dernier, le FMI prévoyait que le PIB réel
de notre voisin du Sud augmenterait de 2,6 % cette année; la Banque du Canada
avançait un 2,4 %, et titrait en page 3 de son Rapport sur la politique monétaire «L’activité aux États-Unis
devrait s’accroître à un rythme vigoureux». Toutefois, ces prévisions ne
sont-elles plus qu’une illusion ces jours-ci?
Déjà, à la mi-février, les
économistes de l’OCDE révisaient à la baisse leur estimation de la croissance
américaine, la portant à 2,0 %. Les quarante prévisionnistes professionnels
consultés par la Réserve fédérale de
Philadelphie faisaient de même, leur prévision moyenne s’établissant à 2,1
%. Même abaissées, ces prévisions semblent comporter une bonne dose d’optimisme.
Pourquoi?
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Les plus récents résultats des enquêtes
mensuelles de Markit Economics et de l’Institute for Supply Management auprès
des gestionnaires d’approvisionnement des entreprises américaines laissent
croire que la croissance est léthargique ces temps-ci.
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La moyenne mobile du Chicago Fed National Activity Index indique que la croissance des
derniers mois est en-deça de sa tendance.
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L’évolution mensuelle et semestrielle des
indicateurs avancés du Conference Board
tout comme l’évolution mensuelle des indicateurs précurseurs de l’OCDE pointent
vers un fléchissement de la croissance américaine au cours des mois à venir.
Un bref extrait du document
d'information Perspectives de l’économie
canadienne du ministère des Finances du Canada, publié le 22 février,
résume assez bien ce que les indicateurs précédents laissent présager : «Il
se peut que la croissance aux États-Unis soit encore une fois décevante,…».
Pour le Canada, cela
signifie que la bouée de sauvetage américaine se dégonfle. En outre, plusieurs
indicateurs précurseurs de l’évolution de son économie continuent d’envoyer des
signaux inquiétants. Il en est ainsi des permis de bâtir, des mises en chantier
de logements, des commandes en carnet dans la fabrication et des prix des
produits de base. Les espoirs d’amélioration des perspectives se fondent maintenant,
pour l’essentiel, sur le plan de stimulation de l’économie qui devrait être
annoncé le 22 mars dans le Budget 2016. Si ce n’est pas suffisant, les
responsables de la politique monétaire pourraient être incités à utiliser de
nouveaux outils pour tenter de corriger la trajectoire de la croissance, bien
que toute mesure additionnelle (exemples : assouplissement quantitatif,
taux d’intérêt négatifs) risque d’avoir un impact limité.
Au Québec, dans un tel
contexte, il est difficile d’imaginer des perspectives de croissance robuste ou
même modérée. Croissance modeste, faible ou lente sont probablement plus
appropriées pour décrire ce que les prochains mois nous réservent, et c’est,
d’ailleurs, ce que laisse entrevoir l’évolution récente de l’Indice précurseur Desjardins. Le gouvernement risque bien de se
complaire dans l’atteinte de l’équilibre budgétaire ou même d’un surplus des
revenus par rapport aux dépenses de programmes au moment du Discours du Budget
du 17 mars, mais de l’audace s’avère nécessaire pour insuffler un nouvel élan à
l’économie. Le Ministre des Finances nous réserve-t-il des annonces de mesures
ou de projets qui sauront nous surprendre?
Par ailleurs, comme quoi
tout n’est pas que morosité sur le plan de la conjoncture, les marchés
boursiers, qui sont un indicateur précurseur de l’évolution de l’économie,
reprennent graduellement de la vigueur ces jours-ci en Amérique du Nord, et
l’emploi aux États-Unis, un indicateur coïncident, continue sa progression.
Un conseil en
terminant : gardez vos ceintures attachées et aiguisez bien vos réflexes,
car les zones de turbulence de l’économie et les volatilités des marchés financiers ne se
dissiperont pas de sitôt.
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